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Détaché
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En coupant le son avec la langue
Le détaché s’obtient en « collant » puis « décollant » la pointe de la langue contre les lèvres et les dents supérieures (comme si on prononçait le son « t » dans l’instrument).
On laisse chaque note résonner après chaque attaque, on ne recoupe pas l’air avec la langue à la fin d’une note (on prononce « thh », et non pas « thht » : voir En coupant le son avec la langue).
Comme pour les autres instruments, il existe plusieurs types de détaché que les cornistes utilisent en fonction du style, de la provenance ou de l’époque des pièces jouées. Par exemple, un détaché allemand sera plutôt long, soutenu et généreux. Un détaché français ou italien sera plus clair et aéré.
La vitesse du détaché varie en fonction des capacités de chacun, mais elle ne peut pas être aussi élevée que la vitesse pouvant être atteinte par les flûtistes ou les clarinettistes (par exemple). Il est prudent de ne pas écrire au-delà d’une vitesse correspondant à celle des doubles-croches à 100-110 à la noire. Des vitesses supérieures peuvent toutefois être atteintes grâce à la technique du double détaché, ou du triple détaché.
La vitesse maximale du détaché dépend aussi du registre. L’émission du son étant plus lente dans le grave que dans l’aigu, cette vitesse maximale sera plus faible dans le grave (encore plus faible dans le sous-grave).
Plus l’air sera envoyé vite après avoir « décollé » la langue des lèvres et des dents, plus l’attaque sera dure, et vice-versa (il est donc très difficile d’attaquer délicatement une note forte, et d’attaquer durement une note piano).
Le piqué est un détaché court. Tout comme pour le détaché, cette longueur dépend du style, de l’époque et de l’origine du compositeur. Le signe piqué peut en effet s’interpréter selon le contexte comme simple détaché (par exemple dans les œuvres de Brahms), ou comme staccato plus marqué (notamment dans la musique française ou italienne). En ce qui concerne la musique contemporaine, les cornistes auront plutôt tendance à considérer cette notation comme un staccato séparé, contrastant avec le détaché ordinaire.
Le signe piqué peut aussi servir à préciser ou confirmer une articulation marquée dans un groupe de note rapide. Par exemple, l’articulation « deux notes liées, deux détachées » (permettant de fluidifier les groupes de quatre doubles croches) peut s’écrire avec deux notes liées, et deux notes piquées (ce n’est cependant pas toujours le cas).
Les notes courtes sont faisables sur toute la tessiture de l’instrument. Cependant il faut être conscient que pour le registre sous-grave ainsi que pour les doigtés longs (voir Généralités – Intonation), la mise en vibration des lèvres est plus lente, par conséquent il est plus difficile de jouer court. Cela reste cependant tout à fait réalisable pour des musiciens professionnels.
Le louré est un détaché long et soutenu. Il peut indiquer que la note à laquelle il est attaché durera jusqu’à la note suivante sans interruption, ou que la note est importante et doit être renforcée. Si plusieurs notes successives sont lourées, cela peut aussi donner une direction plus importante au groupe de note. Tout cela dépend de l’interprétation et du contexte, et n’a pas besoin d’être précisé (sauf si nécessaire).
Les accents montrent un détaché marqué, mettant en valeur la note à laquelle il est attaché. Souvent utilisé dans des dynamiques élevées ou des tutti pour un besoin de puissance, il peut aussi être utilisé dans les faibles nuances pour renforcer légèrement l’attaque d’une note.
Pour réaliser un accent, il suffit de jouer le début de la note avec une vitesse d’air et un volume d’air plus importants que d’ordinaire. Plus ces deux paramètres seront augmentés, plus l’accent sera fort et important, et vice-versa.
D’autres paramètres jouent sur la façon d’accentuer les notes, et sont représentés par différentes notations :
Le chevron est encore plus marqué que l’accent. Sa principale caractéristique est son attaque plus importante et plus incisive.
Le keil et un accent incisif, court, et rebondi. Il combine en quelque sorte le piqué, l’accent et le chevron, cependant la note à laquelle il est attaché reste quand même dirigé vers l’avant. Ce n’est pas un accent vertical.
Parfois, les accents ne sont pas marqués sous forme d’articulation, mais plutôt sous forme de dynamique :
Le fortepiano s’exécute en passant d’une nuance forte à une nuance faible, mais sans véritable accent. Le forte dure plus longtemps que le piano, afin de faire la différence avec un vrai accent.
Le forzando indique que la note à laquelle il est attaché doit être cuivrée ou jouée avec force dans les faibles nuances.
Le sforzando est un accent expressif (beaucoup utilisé dans la musique romantique) dont l’exécution repose sur l’élan du souffle. L’effet obtenu est comme un rapide crescendo–decrescendo qui renforce une note importante.
Le sforzato est un mélange des deux dynamiques précédentes. Il est très puissant et cuivré, mais reste horizontal et non vertical.
On peut aussi combiner détaché et lié en séparant les notes de manière très brève, tout en gardant une continuité du souffle. C’est ce que l’on appelle « détacher dans le son ».
Une bonne image pour l’exécution de cette articulation est celle d’un filet d’eau au robinet dans lequel on viendrait très rapidement passer le doigt à un tempo donné, le filet d’eau étant le souffle et le doigt qui vient l’interrompre étant la langue.
Cette articulation peut s’écrire de différentes manières :
C’est un détaché dans le son plus proche du détaché que du lié. Il y a une vraie attaque (prononcée soit « t », soit « d ») sur chaque note et beaucoup de désinence. Le son est quand même continu. Le caractère « détaché dans le son » est donné par une plus grande direction du groupe de notes que dans le détaché.
C’est un détaché dans le son plus proche du lié que du détaché. Il y a une attaque plus feutrée (prononcée « d » voire « l », et non « t ») sur chaque note. Le son et le souffle sont très continus. Le caractère « détaché dans le son » est donné par une plus grande direction du groupe de notes que dans le louré.
C’est un legato avec des « accents de diaphragme ». En envoyant une quantité d’air et une pression plus importantes d’un coup, le son « enfle » brusquement et brièvement.
Le détaché dans le son peut se décliner sous toutes formes et combinaisons d’articulations, dont voici les plus usuelles. Attention, si vous voulez obtenir une articulation bien particulière via ces notation, veillez à la préciser en notice. La façon d’interpréter ces articulations n’étant pas complètement établie, elle peut varier selon les musiciens) :
On peut faire des accents « normaux » (séparés), mais avec de la direction et un son un peu plus continu que dans le détaché, à la manière du Lié avec des points. Pour préciser vraiment cette articulation, on peut alors superposer accents, points et lié.
On peut faire des accents plus longs, avec de la direction et un son très continu, à la manière du Lié avec des traits. Pour préciser vraiment cette articulation, on peut alors superposer accents, traits et lié.
Dans un groupe de notes détachées, plus la vitesse demandée est importante, plus il devient difficile de prononcer « t t t t », on va donc alterner des « t » et des « k ». Pour prononcer ces deux consonnes, il faut placer la langue à différents endroits de la bouche et du palais, il est donc possible d’alterner entre ces deux positions, ce qui est bien plus rapide que répéter la même position.
Ainsi, pour exécuter les rythmes binaires rapides, on prononcera « t k t k » : c’est le double détaché. De la même façon, pour exécuter les rythmes ternaires, on prononcera « t k t » (en général préféré par les bois) ou « t t k » (en général préféré par les cuivres) : c’est le triple détaché.
La consonne « t » étant plus dure que la consonne « k », les attaques avec les « t » seront légèrement plus définies et plus fortes que celles avec les « k », bien que le travail du double et du triple détaché ait pour but de gommer les différences de sonorité entre ces consonnes. Cependant, plus le détaché sera rapide, moins on entendra la différence entre les « t » et les « k ».
Du fait de ces différences de définition des voyelles, il est possible qu’un rythme (presque imperceptible) se dégage du triple détaché. Par exemple, les rythmes prononcés « t k t » auront tendance à avoir les « t » renforcés, marquant comme un rythme longue-brève par exemple. Les rythmes prononcés « t t k » auront plus d’élan vers l’avant et seront plus efficaces pour les levées par exemples. Ces différences ne doivent cependant pas être précisées (sauf si vraiment nécessaire) sur la partition, c’est au musicien de choisir la technique qui lui semple la plus évidente selon le contexte, ou qui lui est la plus familière.
Avec ces techniques, on peut atteindre des vitesses très élevées (aussi vite que l’on peut le prononcer à la voix) : de l’ordre des triples-croches à 90 à la noire en double détaché, et des triolets de doubles-croches à 90 à la noire en triple détaché (vitesse légèrement inférieure, car dans « t k t » ou « t t k » en boucle il faut enchaîner deux « t », ce qui est mécaniquement plus lent).
Il y a tout de même un tempo « pivot » pour lequel le détaché simple est trop lent, et le détaché double ou triple ne l’est pas assez (dans ce cas on entend trop la différence entre le « t » et le « k »). Ce tempo est variable selon les capacités de chacun, mais se situe généralement entre les doubles croches à 120 à la noire et à 150 à la noire. Il est donc préférable, dans la mesure du possible, d’éviter d’écrire du détaché aux cors dans ces vitesses-là.
Note : ces deux cellules sont jouées une fois en détaché simple et une fois en double/triple détaché
Couper l’air avec la langue est possible chez tous les cuivres pour rechercher un effet particulier, par exemple pour se rapprocher des sons électroniques avec un début et une fin très nets. Dans ce cas, on prononce « t » au début mais aussi à la fin de la note, le son est alors coupé sec, brutalement, sans aucune résonance. La technique classique l’évite cependant le plus possible, préférant les notes résonantes.
On peut utiliser cet effet à la fin d’une note tenue ou à la fin d’une note courte. Cependant dans ce deuxième cas il faut veiller à ce que la vitesse ne soit pas trop élevée pour que l’on ait le temps de prononcer le « t » final (pas plus vite que des doubles-croches à 90 à la noire).
Il n’existe pas encore de notation établie pour cet effet. Le compositeur est donc libre de trouver le symbole lui correspondant le mieux (dans ce cas il faut bien l’expliquer dans la notice ou en note de bas de page). Certains symboles ne doivent pas être utilisés car ils renvoient à d’autres techniques, par exemple celui utilisé à la harpe pour étouffer une corde : il est très proche du symbole désignant la technique demi-bouché. Voici plusieurs pistes de symboles :
Le plus intuitif et évident pour le musicien serait d’écrire un « t » au dessus du moment ou de l’endroit où la note doit être coupée. Il serait donc écrit juste au-dessus de la note pour signifier une note très courte, ou bien sur le silence suivant une note pour couper la note à la fin de sa valeur (un peu comme les consonnes à la fin des mots pour les chanteurs).
Il est aussi possible d’utiliser le symbole du « piqué », dont on détournerait la fonction. Son effet ne serait alors plus de raccourcir la note, mais de lui donner une fin nette.
Le symbole du pizzicato Bartók peut aussi être utilisé car il marque bien le côté bref de cette technique. Cependant, il peut tout de même être ambigu : il renvoie à quelque chose de percussif, alors que cette technique ne l’est pas.
Enfin, il est aussi possible de placer un signe sur la queue ou la tête de la note qui doit être coupée.
Attention tout de même à bien expliquer la notation choisie dans la notice ou en note de bas de page, afin d’éviter qu’elle ne soit ambiguë, confondue avec une autre ou mal interprétée (particulièrement pour la notation concernant le symbole « piqué »).