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Sons multiples
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On parle de doubles sons lorsque l’instrumentiste joue une note en même temps qu’il en chante une autre. Les deux notes rentrent alors en vibration, en résonance, et une ou plusieurs notes résultantes supplémentaires apparaissent alors (qui peuvent à leur tour rentrer en résonance avec les précédentes notes), on parle de sons multiples. Pour être tout à fait clair, la fréquence résonante n’est pas contrôlable, elle dépend de la hauteur de la note chantée et de celle de la note jouée. Ces résultantes ne sont pas toujours audibles et dépendent beaucoup du timbre du son de l’instrumentiste, de plus si les hauteurs de la note chantée et de la note jouée sont inversées (la note chantée devenant la note jouée et inversement), le timbre change et différentes résultantes peuvent être sélectionnées.
Plusieurs paramètres sont à prendre en compte lors de l’écriture de double sons aux cuivres. Avant tout, il faut toujours penser que les notes écrites à la voix doivent pouvoir être chantées autant par une voix de femme que par une voix d’homme. Si ce n’est pas le cas, il faut prévoir deux versions de la partition (grâce à un ossia par exemple), une pour les voix féminines et une pour les voix masculines. Étant donné que l’on a dans l’oreille la tonalité de l’instrument quand on joue, il est nécessaire d’écrire aussi la note chantée en Fa. Bien sûr, dans l’éventualité de l’utilisation des sons multiples sur des instruments comportant des tons de rechange (cor naturel, cor à pistons, etc.) ou sur des instruments différemment transpositeurs (par exemple les tubas wagnériens lorsqu’ils sont écrits dans leur tonalités respectives), il est nécessaire d’écrire les notes chantées dans le ton correspondant.
Le volume sonore des sons multiples dépend beaucoup du registre dans lequel ils sont utilisés. Doux et profonds dans le grave, ils deviennent puissants et criards dans l’aigu.
Enfin il est possible d’avoir plusieurs notes jouées pour une même note chantée et inversement (lié ou détaché), dans la mesure où les changements restent lents et pas trop rythmiques (autrement, la partition devient vite trop dure, épuisante, voire injouable). Il faut garder à l’esprit que les doubles sons ont avant tout un effet de surprise auprès des spectateurs qui se demandent d’où vient la deuxième note qu’ils entendent, et qu’ils sont bien plus adaptés à un caractère lent et planant qu’à une musique virtuose. Il faut ajouter que lorsqu’ils sont bien écrits, les doubles sons ne sont pas très fatigants à exécuter et peuvent même reposer les lèvres et remettre le corps du musicien dans une bonne disposition pour jouer (certains cornistes les utilisent même dans leurs chauffes).
La façon la plus simple de les noter est d’écrire les hampes des notes jouées dans un sens, et celles des notes chantées dans l’autre sens sur une seule portée, ainsi que d’apposer une indication « chanter » ou « voix » au-dessus ou en-dessous en la portée selon le placement des notes chantées sur cette dernière.
Pour de longs passages en sons multiples ou dans le cas de grands intervalles entre la note jouée et la note chantée, il devient plus lisible d’écrire les notes jouées sur la portée principale, et de rajouter une deuxième portée au-dessus ou en-dessous pour écrire les notes chantées. C’est bien sûr plus long et moins pratique à faire sur logiciel, mais c’est beaucoup plus simple, agréable et clair à lire pour l’instrumentiste.
C’est le cas le plus fréquent et le plus facile : on joue généralement une note dans le registre grave de l’instrument (les notes au-dessus de la note pédale la plus haute), et on chante une note dans le registre médium. C’est en tous cas ainsi que les sons multiples ont toujours été utilisés et que les cornistes les maîtrisent le mieux. La couleur sonore est très douce cependant les nuances supérieures à mezzo-forte ne sont pas envisageables, puisqu’il devient très difficile de contrôler l’équilibre entre la note jouée et la note chantée dans ces nuances, et qu’il est tout aussi compliqué de chanter fort dans l’instrument : la difficulté étant de faire en sorte que la note jouée ne couvre pas la note chantée !
Lorsque la note jouée et la note chantée sont toutes deux dans le registre médium ou médium-aigu en revanche, ce sont les nuances inférieures à mezzo-forte qui ne sont pas atteignables. Il est nécessaire d’avoir de la présence sonore dans ce registre et que la note soit stable et confortable pour que la voix puisse j’y ajouter. Cependant, il ne faut pas aller trop fort non plus, car cela peut vite faire mal à la gorge et aux cordes vocales, notamment lorsque le corniste n’a jamais pris de cours de technique vocale.
Enfin, dans le registre aigu et suraigu, la technique des doubles sons ne peut s’effectuer qu’en fortissimo et en criant dans l’instrument. La hauteur de la note chantée (criée) devient difficilement contrôlable, et peut même ne pas être vraiment audible. Pour ce dernier cas, il s’agit surtout d’un effet sonore amenant une sorte de distorsion dans le son.
Chanter une note en-dessous de la note jouée est plus rare mais tout de même faisable. La couleur sonore est légèrement différente de celle obtenue avec la note chantée au-dessus de la note jouée : plus rauque et plus sonore. Encore une fois, il faut faire très attention à ce que la note chantée puisse être chantée par une voix féminine et par une voix masculine, ce qui limite beaucoup les possibilités. En effet, la plupart des voix de femme ne sont pas assez timbrées en-dessous d’un sol ou d’un fa écrit en-dessous de la portée de soprano pour avoir le même volume sonore que la note jouée au cor plus haut, il faut donc éviter de leur écrire ces notes.
Cette technique fatigue plus rapidement la voix que la technique traditionnelle où la voix est au-dessus de la note jouée. Il vaut donc mieux éviter de l’utiliser trop longtemps et trop souvent.
Passer d’une technique à l’autre est aussi possible mais est très difficile et requiert beaucoup d’entraînement pour savoir contrôler séparément l’intonation exacte de la note chantée et de la note jouée avec un beau son, ainsi que le fait d’intervertir les deux éventuellement à plusieurs reprises.
Comme expliqué précédemment, lorsque deux notes sont simultanément jouée et chantée, une troisième (résultante) voir parfois plusieurs autres apparaissent. Cet effet est habituellement surtout représenté sur des intervalles consonants (tierces, quartes, quintes, sixtes, septièmes, ainsi que leurs homologues à l’octave supérieure) afin de construire des accords de trois notes grâce aux résultantes. Par exemple, en jouant un do et en chantant un la au-dessus du do, un fa en-dessous du do va apparaître, formant un accord de fa majeur. Il en est de même pour un do joué, un sol supérieur chanté, et un do inférieur qui apparaît, formant un accord de quinte à vide sur do ; ou encore avec do et mi, c’est le do deux octave en-dessous du premier do qui apparaît. Pour obtenir la fréquence de la résultante, il suffit de soustraire la fréquence de la note la plus basse à celle de la note la plus haute.
Ce principe est également applicable sur les intervalles dissonants. Dans ce cas, non seulement les notes jouée et chantée entrent en résonance, mais aussi les notes présentes dans le spectre harmonique de ces deux notes ! C’est bien sûr aussi le cas pour les intervalles consonants, mais ici les spectres harmoniques sont plus éloignés, ce qui a un impact sur les résultantes obtenues, qui peuvent être aussi bien aiguës que graves. On peut donc obtenir des accords aux sonorités semblables à celles des multiphoniques des bois.
Lorsque deux notes jouées simultanément ont une hauteur très proche l’une de l’autre, cela crée un battement (qui n’est autre qu’une fréquence résultante trop grave pour l’oreille humaine). On parle ici d’une différence de hauteur d’une fraction de demi-ton, car ces battements sont déjà très rapides lorsque les deux notes n’ont qu’un demi-ton d’écart. Ce phénomène est parfaitement reproductible au cor en doubles sons. L’effet est d’autant plus inédit lorsque la voix et le jeu instrumental partent d’un unisson pour s’écarter progressivement.
Le plus pratique pour réaliser cet effet, est de garder une note stable au cor et de s’en éloigner très doucement et progressivement (de préférence vers le haut) à la voix. Il est aussi envisageable de garder une note stable à la voix (ce qui est cependant beaucoup plus difficile pour des instrumentistes n’ayant pas de technique vocale) et de s’en éloigner au cor à l’aide d’une des techniques de glissando continu (voir la partie Glissandi). Le plus important pour la réussite de cet effet est d’avoir du temps à disposition et une orchestration relativement réduite pour que l’effet soit audible sans que l’instrumentiste doive forcer sa voix.
Il est aussi possible de contrôler la vitesse des battements obtenus en s’éloignant plus ou moins de la note stable : plus on s’éloigne de la note, plus les battements se resserreront et vice-versa. Arriver à attaquer directement ou à stabiliser la voix sur une hauteur très proche de celle jouée au cor (sans que celle-ci perde sa stabilité) est difficile et demande de la concentration, mais c’est tout à fait faisable et vaut le coup d’être écrit et utilisé.
La façon la plus simple de noter cet effet pour un corniste est la notation habituelle des doubles sons : inscrire la note stable (de préférence jouée à l’instrument) sur la portée, et la note qui s’éloigne de la première (vers le haut de préférence) sur la même portée avec une ligne de glissando continu.