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Sons soufflés
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La mise en vibration des lèvres sans attaque de la langue est un processus très difficilement dosable (la lèvre vibre ou elle ne vibre pas). Contrôler le vibration demande du temps pour faire en sorte qu’elle soit la plus faible possible au départ et pour augmenter progressivement son amplitude. Ainsi, il n’est possible de faire un véritable crescendo da niente que si la note sur laquelle le crescendo doit être réalisé est suffisamment longue ou le tempo suffisamment lent.
Pour être tout à fait précis, ce qui fait vraiment peur lorsque l’on doit effectuer un crescendo en partant de rien, c’est l’infime instant très difficilement contrôlable quel que soit le registre qui se déroule entre le rien et le pianississimo, plutôt que le crescendo en lui-même. Une fois que le son (même ppp) est là, l’essentiel est fait. Pour résumer, il est beaucoup plus rassurant pour un corniste de voir écrit un crescendo de ppp (ou même pppp) à pp que de voir un crescendo partant de rien et pour lequel il n’y aura pas la sécurité procurée par l’attaque de la note. De plus dans les deux cas, le résultat sonore est à peu de choses prêt le même pour l’auditeur.
En revanche, le decrescendo a niente est beaucoup plus simple et plus rapide à réaliser, car il ne correspond plus à une mise en vibration mais à une détente des lèvres. Il suffit alors de bien accompagner le son avec l’air à la fin d’une note, et le a niente se fait naturellement.
Les lèvres étant plus tendues dans les registres aigus, il est encore plus délicat de contrôler leur mise en vibration dans ces registres. C’est l’inverse pour les registres graves, les lèvres sont plus détendues et il est donc plus facile de faire des crescendi da niente et decrescendi a niente. Ces deux techniques sont donc à utiliser de préférence sur les registres sous-grave à médium, il veut mieux limiter leur utilisation sur le registre médium-aigu, et enfin les proscrire au possible sur les registres aigu et suraigu, registres pour lesquels elles sont pratiquement impossible à réaliser.
Il est possible au cor de contrôler la proportion de souffle ou d’air d’un son, mais dans une moindre mesure que des instruments tels que la flûte ou la clarinette. Cela reste extrêmement difficile, et n’est possible que dans certaines conditions très précises. Chaque note ayant une quantité et une vitesse d’air ainsi qu’une certaine tension des lèvres qui lui sont propres, il faut trouver une façon de compenser la modification de l’un de ces paramètres. Il faut donc être particulièrement vigilant lors de l’utilisation de ces effets au cor de les écrire dans un contexte le plus confortable possible. Il est aussi primordial d’avoir beaucoup de temps à disposition ainsi qu’un tempo plutôt lent pour pouvoir gérer l’équilibre entre la quantité d’air envoyé et la tension des lèvres. Précisons que, contrairement à la flûte ou la clarinette pour lesquels le son s’affaiblit à mesure que la proportion d’air augmente, pour le cor le son reste à peu près au même niveau sonore et c’est simplement le souffle qui est ajouté au son. Il n’y a donc pas vraiment d’affaiblissement du son.
Jouer des sons avec air sur plusieurs notes d’affilée est possible mais difficile, car cela demande de trouver des paramètres différents pour chaque hauteur. Lorsque le tempo augmente, cela devient pratiquement impossible. Cette technique est à privilégier sur les tessitures médium à sous-grave, l’air étant généralement naturellement plus présent dans le son à mesure que l’on va vers le grave de l’instrument. Ajouter du souffle au son dans cette tessiture peut même, pour certains instrumentistes, faciliter l’émission des notes pédales. Enfin, elle n’est pas réalisables sur d’autres nuances que piano ou mezzo-piano (au-delà, ajouter de l’air au son modifie trop le placement de la note dans l’instrument et multiplie le risque de manquer des notes).