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Souffle
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Pour obtenir un bruit de souffle, la position normale de jeu n’est pas très efficace : la nuance est très faible et cela demande beaucoup d’air. Le principal problème rencontré lors de l’exécution d’un souffle en orchestre est le volume sonore trop faible. Autant en solo et en petit ensemble l’effet peut passer sans problème, autant en orchestre même les solutions présentées ci-dessous peuvent ne pas être suffisantes.
Précisons que les propositions ci-dessous ne sont pas encore toutes démocratisées, et qu’il n’existe pas de notation qui puisse les distinguer. Libre au compositeur de choisir celles qui lui semblent les plus parlantes, tant que la technique est bien expliquée dans la notice ou en bas de page.
Le premier réflexe du corniste quand il voit écrit « souffle » est de retourner l’embouchure, de la poser sur la branche d’embouchure, et de souffler par la queue de l’embouchure. Ainsi, comme on souffle par un diamètre plus petit, la pression de l’air est plus importante et la quantité d’air utilisée est moindre. De plus, la branche d’embouchure fait obstacle à la sortie de l’embouchure, l’air s’y cogne, ce qui produit le bruit de souffle.
Cette technique est très efficace et la palette de nuance est élevée (du pianississimo au fortissimo, respectivement en collant l’embouchure contre la branche et en l’éloignant de celle-ci), mais nécessite un temps pour prendre l’embouchure, la retourner, la poser, et se mettre en position pour souffler (idem pour revenir à la position de jeu ordinaire).
Retirer complètement l’embouchure et souffler directement dans la branche d’embouchure n’est pas très intéressant : cela demande une grande quantité d’air et n’est pas efficace…
Deux doigtés existent pour obtenir un souffle plus puissant que le souffle obtenu en position de jeu ordinaire : le troisième piston à demi-appuyé sur le cor en Si♭ et le premier piston à demi-appuyé sur le cor en Fa.
En utilisant cette solution, on évite ainsi le problème du temps nécessaire pour changer l’orientation de l’embouchure. On a par contre besoin d’une bonne quantité d’air, même si elle est moins importante que sans ces doigtés.
Attention, ces doigtés sont ceux que j’ai trouvés sur mon cor Alexander 103, ils peuvent être différents sur d’autres modèles de cors voire ne pas marcher du tout, et sont donc à discuter avec l’instrumentiste directement.
Avec une embouchure
La longueur de tuyau de l’embouchure seule étant beaucoup plus petite que celle du cor, la hauteur du souffle sera de fait plus élevée. Souffler par le côté habituel de l’embouchure demande beaucoup d’air et n’est pas très efficace. En revanche, on peut retourner l’embouchure et souffler par la queue, ce qui sonne beaucoup plus fort et est plus distinct.
Avec deux embouchures
La meilleure solution reste de prendre deux embouchures en les accolant. Deux dispositions sont intéressantes et produisent des sons différents :
On peut les mettre tête-à-tête en laissant un peu d’espace entre chaque, et souffler par la queue de l’une. En augmentant puis en rétrécissant l’écart entre elles, on obtient un souffle relativement aigu et puissant dont la hauteur et l’intensité s’élèvent puis redescendent.
On peut aussi mettre la queue de l’une à l’intérieur de la tête de l’autre et souffler par la queue de cette dernière. On obtient alors un souffle sifflant et strident très sonore. Pareillement, en augmentant et en rétrécissant l’écart entre les deux embouchures on peut faire varier la hauteur et l’intensité du souffle.
Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que ces techniques ne sont pas encore beaucoup usitées et qu’il n’existe pas de notation établie. Le plus simple reste de bien les détailler en notice ou en bas de page, et de trouver des symboles suffisamment différents qui puissent distinguer clairement ces notations.
On peut aussi retourner l’embouchure et souffler par la queue de celle-ci dans la sourdine (toujours avec un petit écart entre elles). Cette technique donne un souffle ample et profond, dont l’intensité peut augmenter et diminuer si l’on augmente ou diminue l’espace entre la sourdine et l’embouchure.
La hauteur ne change pas, mais elle peut varier en fonction de la sourdine utilisée. Quant au volume sonore, il peut être très faible et servir à un bruit de fond ou drone par exemple, ou bien atteindre une nuance forte, mais difficilement plus.
Hauteurs de souffle
Certains compositeurs demandent des bruits de souffle avec différentes hauteurs. Malheureusement bien qu’actionner les pistons puisse changer le timbre de façon à peine perceptible, cela ne change pas la hauteur de souffle (ou du moins pas de façon assez notable pour que les changements puissent être entendus par le public). Il existe cependant plusieurs solutions pour obtenir des hauteurs et des couleurs de souffle bien distinctes.
Souffle aigu
Avec deux embouchures, en mettant la queue de l’une à l’intérieur de la tête de l’autre
(pp–ff, différentes hauteurs)
Avec deux embouchures tête-à-tête
(ppp–mp, différentes hauteurs)
Souffle médium
Embouchure retournée
(pp–ff, hauteur unique)
Doigtés de souffle
(ppp–mf/f, hauteur unique)
Souffle grave
Embouchure renversée dans la sourdine
(ppp–mf, hauteur unique,
mais différente selon la sourdine utilisée)
La façon la plus simple de les noter serait de reporter chaque hauteur sur une ligne (ou un interligne) de portée. On peut ainsi faire une portée à trois lignes avec une ligne par hauteur ; ou alors, garder les cinq lignes usuelles pour inscrire chacune des cinq techniques présentées ici sur une ligne, ce qui permet d’alterner plus simplement entre ces techniques, et qui est aussi plus simple à réaliser sur logiciel. Cette notation sera bien sûr à expliquer en bas de la page ou dans la notice.
Attention, il faut bien garder à l’esprit qu’un temps de latence est nécessaire entre deux techniques pour retirer l’embouchure, en prendre une deuxième, ou prendre la sourdine par exemple. La même chose s’applique lorsqu’il faut revenir au mode de jeu ordinaire.
Expiration et inspiration dans l'instrument
Le bruit blanc produit par une expiration dans l’instrument (ou dans l’embouchure) est différent de celui produit par une inspiration : la hauteur de souffle est plus grave et détendue dans le cas d’une expiration, et plus aiguë et en tension dans le cas d’une inspiration.
La différentiation entre expiration et inspiration est bien entendue tout à fait faisable sur chacune des techniques présentées ci-dessus (dans l’instrument, dans l’embouchure, dans une sourdine,…).
Attention toutefois à l’inspiration : de nombreux cornistes (ou instrumentistes cuivres) pourraient refuser de faire cet effet. En effet, inspirer dans son instrument revient à respirer des particules de d’oxyde de cuivre présentes dans l’instrument et qui sont toxiques pour les êtres vivants. Même si la quantité ingérée est bénigne, il vaut mieux rester prudent et utiliser cet effet avec prudence et parcimonie.