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Microtonalité
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Les micro-intervalles sont réalisables de plusieurs manières au cor. La méthode la plus accessible et simple choisie par la plupart des cornistes est de baisser l’intonation de chaque note en courbant un peu la main dans le pavillon.
L’avantage de cette technique est qu’elle ne demande pas d’apprentissage ou de réflexion particulière car il suffit de jouer la note « juste » supérieure en couvrant plus ou moins le pavillon. Pour cette raison, il est plus visuel, intuitif et pratique d’écrire les micro-intervalles avec des « fractions de bémol » plutôt qu’avec des « fractions de dièse ». Malheureusement, cette technique n’est pas très précise car il n’y a pas ou peu de point de repère pour se souvenir de la courbure exacte de la main en fonction de chaque micro-intervalle rencontré. De plus, du fait de l’enfoncement de la main dans le pavillon, le son se trouve plus ou moins modifié (plus la note microtonale sera éloignée de la note tempérée, plus le pavillon devra être couvert, et plus le son sera voilé). Enfin, la marge de correction de l’intonation avec la main n’est pas homogène sur toute la tessiture de l’instrument : plus le registre est aigu plus elle se rétrécie. Elle dépend aussi de plusieurs autres facteurs dont l’instrument utilisé ou le corniste lui-même.
La seconde méthode, plus compliquée mais aussi plus stable, consiste à utiliser l’intonation haute ou basse des harmoniques naturelles par rapport à une gamme chromatique tempérée. Sur la série harmonique ci-dessous, l’harmonique 5 est un peu bas, l’harmonique 6 un peu haut, le 7 est même trois quarts de ton trop bas, etc.
Théoriquement, on pourrait même indiquer le nombre de coma de différence entre ces harmoniques (voir ci-dessus). Dans la pratique, chaque instrument (y compris du même facteur et du même modèle) sont différents, et le placement des harmoniques reste assez variable. Par la même logique, les séries harmoniques des différents doigtés peuvent être aussi relativement différentes. Si l’on rajoute à cela le fait qu’il est possible de modifier l’intonation d’un note de manière assez conséquente rien qu’avec les lèvres (voir Intonation), on comprend qu’une intonation parfaite au coma près d’une note microtonale est quasi-impossible à effectuer de manière stable et pérenne.
On utilisera donc des doigtés relativement précis et stables pour chaque note microtonale, qui ne modifieront que peu ou pas le son. Utiliser cette technique ne permet pas d’avoir un son entièrement homogène, car elle exige d’alterner souvent entre le cor en Fa et le cor en Si♭ qui n’ont pas tout à fait la même pâte sonore (voir Techniques classiques – Couleur sonore en Fa ou en Si♭). Elle demande aussi d’apprendre plus de doigtés et de savoir les maîtriser, ou de les retrouver sur une tablature (voir la Tablature des doigtés des quarts de tons en début de page).
Enfin, des essais de cors avec une palette supplémentaire permettant d’allonger la longueur d’un quart de ton (voire d’une autre fraction de ton) ont déjà été imaginés et construits (à l’image de la trompette en quarts de tons d’Ibrahim Maalouf). C’est le cas du cor de Samuel Stoll, fabriqué par Marc Schmiedhäuser (facteur à Wiesbaden, en Allemagne). Sur cet instrument, il suffit – tout comme la façon de faire les quarts de tons avec la main – de jouer chaque note avec le doigté de la note tempérée supérieure tout en actionnant le piston de quart de ton. C’est la seule façon de faire sonner les quarts de ton de manière exactement identique à des notes tempérées.
Trompette « Quartertone » utilisée par Ibrahim Maalouf
Malheureusement ces cors ne sont aujourd’hui pas encore popularisés, et très peu de cornistes en ont (même parmi ceux qui sont spécialisés dans la musique contemporaine). Cela est peut-être dû à la difficulté pour les facteurs de construire des instruments homogènes et bien calibrés autant sur la partie tempérée du cor que sur la partie microtonale ; il peut donc être intéressant d’encourager ces évolutions de facture instrumentales en continuant d’écrire la microtonalité au cor.
En attendant, il est toujours possible de tirer ou pousser à souhait la coulisse d’accord principale du cor pour hausser ou baisser la longueur totale de l’instrument jusqu’à un huitième de ton. Mais encore, cela dépend bien sûr du modèle de cor utilisé, certains ayant une coulisse plus longue que d’autres. Les cors Schmid par exemple ont généralement une double coulisse d’accord général permettant de descendre l’instrument en Mi puis en Mi♭, et qu’on peut avoir le loisir de tirer autant qu’il faut pour réaliser tous les micro-intervalles (mais dans ce cas les notes tempérées sont à leur tour pénalisées).