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Sons bouchés
- stopped sounds (stopped)
- gestopft
- suoni chiusi (chiuso)
- bouché
Notation : « + », puis « ○ »
Traditionnellement, les sons bouchés s’obtiennent en bouchant complètement le pavillon avec la main. Cela modifie la hauteur de la note jouée et la hausse d’un demi-ton. L’interprète doit donc transposer la note un demi-ton en-dessous pour obtenir la hauteur désirée (c’est au corniste de transposer, et non au compositeur d’écrire les notes un demi-ton en-dessous).
Ils se notent avec un « + » au-dessus de chaque note à boucher, et avec un « ○ » uniquement au-dessus de la première note ouverte après une ou des notes bouchées. Il est aussi possible, pour un groupe de plusieurs notes bouchées de ne noter le « + » que sur la première note bouchée et d’inclure les suivantes à l’aide de pointillés et d’un crochet. Dans ce cas, à part pour lever une ambiguïté, il n’est pas nécessaire de marquer le « ○ » au-dessus de la première note ouverte suivant le groupe de notes bouchées en question.
Nota Bene : les petites notes entre parenthèses correspondent aux notes réellement jouées par le corniste du fait de la transposition des sons bouchés.
Elles sont inscrites ici dans un but pédagogique mais ne sont pas à écrire sur la partie de cor.
Ils sont plus rapides à utiliser que la sourdine : il suffit de recourber la main dans le pavillon à la place de prendre la sourdine, la mettre dans le pavillon et se mettre en position de jeu. On peut ainsi alterner très rapidement sons ouverts et bouchés.
Esa-Pekka Salonen – Concert-Étude – mesures 37 à 46 (édition Chester Music, 2000)
Du fait de l’enfoncement de la main dans le pavillon, le son est étouffé, il perd donc beaucoup en intensité, en volume et devient très doux et sourd dans les faibles nuances ou dans les registres graves. Pour compenser cela, un son bouché devra être joué mezzo-forte pour être entendu piano, et la vitesse et la quantité d’air utilisées seront suffisantes pour obtenir un effet cuivré si besoin.
Pour passer ici de la note ouverte à la note bouchée, la
nuance jouée reste la même mais sonne différemment.
De la même façon, un son bouché joué piano ou pianissimo sera perçu comme un infime filet de son. Mais bien entendu, vouloir une nuance pianissimo ne justifie pas l’utilisation des sons bouchés, car ces derniers apportent aussi une couleur sonore bien particulière qui, bien qu’intéressante, ne doit pas être prise pour le mode de jeu pianissimo du cor par défaut.
L’utilisation la plus courante des sons bouchés se fait dans une nuance forte/fortissimo pour appuyer un forte-piano ou un sforzando, conduisant à un effet de surprise. Ce sont en effet les dynamiques adéquates pour l’utilisation de l’effet cuivré, ainsi que les plus confortables pour le réaliser. Sur le même principe que précédemment, pour qu’un son bouché soit entendu fortissimo, il doit être joué le plus fort possible. Dans ces dynamiques, les sons bouchés ont un caractère très métallique, violent, agressif.
Mahler – Symphonie n° 1 – Scherzo – mesure 65
Les sons bouchés sonnent très bien dans les tessitures aiguë et médium de l’instrument. C’est là que leur émission est la plus facile, que l’intonation est la plus juste et que la projection est optimale.
Faire des sons bouchés dans la tessiture grave est très délicat. Il faut un très bon maintien des lèvres et du contrôle de l’air. De plus, la main étouffe tellement le son qu’il est impossible de les faire sonner à une nuance supérieure au mezzo-forte, d’où l’invention de la sourdine sons bouchés. Cette dernière rend leur émission plus facile et leur sonorité plus homogène et stable dans les différents registres. De fait, cette sourdine permet aux sons bouchés dans le grave de sonner de manière convenable jusqu’à un bon forte, quand il est pratiquement impossible de les faire sonner plus fort que piano sans. Comme c’est au cor grave que l’on confie les sons bouchés dans le grave, cette sourdine lui est tout particulièrement destinée.
Extrait joué en sons bouchés
Extrait joué avec la sourdine bouché
Extrait joué en sons bouchés
Extrait joué avec la sourdine bouché
Extrait joué en sons bouchés
Mahler – Symphonie n° 6 – 1er mouvement – Chiffre 41
(édition C.F. Kahnt Nachfolger, Leipzig, 1906)
Extrait joué avec la sourdine bouché
Mahler – Symphonie n° 6 – 1er mouvement – Chiffre 41
(édition C.F. Kahnt Nachfolger, Leipzig, 1906)
Extrait joué en sons bouchés
Extrait joué avec la sourdine bouché
Dans la tessiture sous-grave, les sons bouchés ne sont plus du tout cuivrés et excèdent difficilement la nuance piano. Bien garder à l’esprit que faire sonner cette tessiture en sons ouverts est déjà très délicat, et que donc la faire sonner en sons bouchés devient impossible ! Cependant, dans une nuance piano à pianissimo, les sons bouchés dans le sous-grave peuvent se révéler très intéressant car ils peuvent aider à sortir ces notes de manière plus confiante à une nuance très faible. Ils permettent également d’obtenir une sorte de « halo sonore » mystérieux, comme venant de nulle part, dans une nuance et un timbre qu’aucun autre cuivre ne saurait reproduire, même en sourdine.
- covered, echo sounds
- halbgestopft
- coperto, suoni d'eco
- couvert, cubierto
Notation : un « + » dans un « ○ », « couvert »
En bouchant à moitié le pavillon, il est possible de faire des sons à mi-chemin entre le son ouvert et le son bouché. Aussi appelés sons d’écho, ils rendent le son plus lointain, moins timbré, étouffé, voire sombre. Leur présence sonore est un peu plus faible que celle des sons ouverts, d’où leur utilisation comme écho principalement dans les pièces solistes, mais aussi dans les pièces d’ensemble ou orchestrales.
Extrait joué bouché, couvert, puis ouvert
Boucher le pavillon à moitié, contrairement aux sons bouchés, baisse la note d’un demi-ton. Le corniste devra donc transposer la note au demi-ton supérieur afin d’obtenir la hauteur désirée. Comme précédemment, c’est au corniste de faire cette transposition et non au compositeur. Il est bon de noter que cette technique rend l’intonation plus difficilement contrôlable, car il faut parfois modifier très légèrement l’inclinaison de la main dans le pavillon entre une note et une autre qui réagira différemment.
Les sons couverts se notent en toutes lettres « couvert » (plus explicite concernant la manière d’exécution) ou bien « écho » ou « sons d’écho » (plus explicite concernant l’interprétation), le signe utilisé (plus rarement) est un « + » à l’intérieur d’un « ○ » (différent du signe utilisé pour couper la résonance à la harpe, car les branches du « + » ne débordent pas à l’extérieur du « ○ »). Comme pour les sons bouchés il ne faut pas oublier de marquer le « ○ » lors du retour au mode de jeu ouvert.
Nota Bene : les petites notes entre parenthèses correspondent aux notes réellement jouées par le corniste du fait de la transposition des sons couverts.
Elles sont inscrites ici dans un but pédagogique mais ne sont pas à écrire sur la partie de cor.
Dukas – Villanelle pour cor et piano – mesures 150 à 176 (édition Durand & Fils, 1906)